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DE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION,

DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE 

ET 

DE LA DÉSINFORMATION

Par Jacques Leibovici

Novembre 2016

 

De la liberté d'expression, de la liberté de la presse, ces deux notions sont la base et résument un des plus grands acquis de nos démocraties occidentales.  Elles ont créé dans de nombreux pays européens, aux États-Unis, le mythe du journaliste intègre et courageux qui dénonce les industriels véreux, les politiciens corrompus, les régimes dictatoriaux, etc.

Avec le développement de moyens et des réseaux de communication moderne, télévision et internet, l'information circule rapidement presque partout, elle est amplifiée et rien ne peut l'arrêter.

Mais peut-on prendre pour argent comptant ce que l'on lit et ce que l'on voit, même si la source est connue, renommée et a pignon sur rue.  Même lorsqu'elle parait confirmée par plusieurs origines différentes, comment être sûr qu'en amont, il n'y a pas qu'un seul témoignage malveillant et invérifié.  La rumeur est destructive et une fois lancée, non seulement difficile à arrêter, mais même lorsqu'elle est démentie, alors que sa diffusion a été massive, les mises au point ne font généralement que l'objet d'entrefilets qui passent inaperçus dans la presse ou dans des diffusions hors des heures de grandes écoutes, et le mal est fait.

Les moyens techniques de détourner l'information sont nombreux.  Le dicton "je crois ce que je vois" est illusoire : il suffit soit de sortir la séquence diffusée de son contexte, quelques fois avec le sous-titrage, pernicieux "sans commentaires", mais où le fait que l'auteur n'en pense pas moins crève l'écran, soit de juxtaposer plusieurs séquences sans rapport qui paraissent se compléter, soit d'afficher des images filmées dans d'autres circonstances qu'un journaliste présente comme se rapportant à un évènement d'actualité.

Il est enfantin de maquiller des images, tout le monde connaît le logiciel Photoshop, il est même possible d'animer des images fixes ou de substituer dans un film des personnages par d'autres grâce à la technique de l'écran vert.  Mon fils, il y a quelques années m'avait acheté un logiciel bon marché, qui par quelques manipulations relativement simples, dans une séquence du film "le Parrain", m'avait permis avec mon ordinateur de me substituer au personnage joué par Marlon Brando.

Les paparazzi, la presse d'information et les politiciens ont besoin de sensationnel.  Les journalistes, comme tout le monde ont leurs opinions.  La liberté d'expression est un droit absolu, mais comment éviter les abus et les faux.  Il y a quelques années, au nom de cette liberté, au Danemark, un parti néonazi avait pignon sur rue ; depuis vingt ans l'antisionisme, la face de moins en moins cachée de l'antisémitisme, fait que, souvent les terroristes, nous sont présentés comme de pauvres palestiniens tués lors de tentatives d'attentat, des actes de résistance, par de méchants soldats israéliens sous les ordres de "criminels de guerre".  La plus connue de ces tentatives de désinformation fut l'affaire de la mort de Mohammed Al Dura, qui, cerise sur le gâteau, fut supportée par un journaliste d'Antenne 2 d'origine juive. 

Régulièrement lors de bombardements occidentaux contre Daesh, les premiers sont accusés de faire des victimes civiles, alors que celles-ci sont utilisées comme boucliers humains, qu'à Gaza, des écoles et des hôpitaux abritent des entrepôts et camps du Hamas.  Récemment, un groupe de réflexion d'anciens de certaines écoles militaires qui travaillait sur les terrorismes islamistes, après avoir péroré pendant des semaines sur la terminologie à employer pour éviter de stigmatiser l'Islam et s'être auto flagellé sur la responsabilité de la France dans la colonisation, discutant des zones de non droits qui se sont développées en France, plutôt que de rechercher des solutions réelles  a failli simplement se réfugier dans la recherche de boucs émissaires en déclarant, je cite: "quand on voit ce que les Israéliens font subir aux pauvres Palestiniens, on ne peut en vouloir à nos jeunes de banlieue de se révolter et de vouloir rejoindre Daesh pour commettre des attentats".

Les politiques sont quelques fois pires, les votes récents à l'Unesco, niant le caractère juif de Jérusalem et leur présence historique, sont non seulement du négationnisme à l'encontre des Israéliens et des Juifs, mais une déclaration de guerre contre la Chrétienté (1/3 de la population mondiale, contre 23% pour les Musulmans) : qu'allait faire Jésus sur les marches du temple, quels marchands en chassait-il si les habitants de l'époque n'étaient pas des Hébreux ?

On peut réfuter certains passages de la Bible considérer qu'il s'agit de légendes non attestées historiquement, mais pas nier systématiquement les confirmations archéologiques, les historiens Grecs, Romains ou Juifs.

 

Peu de temps après l'affaire des fausses factures qui fut préjudiciable à Alcatel et à ses dirigeants et qui se termina en non-lieu, le Groupe fit suivre à un certain nombre de ses cadres supérieurs particulièrement exposés un séminaire de préparation aux interviews télévisés avec l'aide de quelques journalistes éminents des principaux journaux.  Ceux-ci se vantèrent de pouvoir faire dire à un interviewé insuffisamment préparé ce qu'ils voulaient lui faire dire et le prouvèrent lors de vidéo simulations.  J'avais déjà connu ce genre de frustration quelques années plutôt lors d'un interview par le journaliste scientifique François de Closets dans la société de fabrication de fibres optiques d'Alcatel dont j'étais le Directeur Général ; il m'avait accroché un petit micro au revers de ma veste et s'était éloigné de plusieurs mètres, étonné je lui demandai comment le micro pouvait enregistrer de manière suffisamment nette ses questions et mes réponses. Sa réponse fut : "nous n'enregistrons pas les questions, mais juste les réponses, et il ajouta en riant, comme cela nous pouvons vous faire dire ce que nous voulons".  Je refusai l'interview, mais il m'assura qu'il ne tricherait pas et me ferait entendre le rush avant de le diffuser sur Antenne 3.  Ce qui n'empêcha pas que grâce à des coupures choisies et un montage approprié, il réussit à utiliser une de mes réponses à ses questions techniques :  "non vous n'avez pas compris, ce n'est pas du tout ça", comme si je m'adressais au Directeur d'EDF, Hautes Alpes, ce qui me mettais dans une situation délicate avec un de mes clients.  Depuis je n'ai jamais reçu un journaliste sans avoir à mes côtés un ou plusieurs témoins et si possible mes avocats.

 

Alors il faut réagir, toutes les professions sont responsables des erreurs commises, soit sciemment soit par négligence. Les médecins, bien sûr, ne peuvent résoudre tous les maux de leurs patients, mais leurs fautes éventuelles, quand elles sont avérées, peuvent être sanctionnées, ne serait-ce que par l'ordre des médecins, les avocats et les juristes par l'ordre des magistrats, les entrepreneurs, ingénieurs et autres bâtisseurs par les tribunaux et les politiciens par les électeurs et si justifiés eux aussi par des tribunaux appropriés...

 

Comment peut-on accepter que les professionnels de l'information, journalistes et autres puissent profiter de leur notoriété pour diffuser des informations qui ne soient pas dûment vérifiées quand elles ne sont pas volontairement erronées ?  Au nom de la liberté d'expression, mais celle-ci, quand elle devient désinformation, est une atteinte à la liberté supérieure des citoyens et devient souvent diffamation à l'encontre d'individus ou de groupes.    La liberté d'opinion doit être respectée, mais si elle doit être exprimée, elle doit faire l'objet de précautions sémantiques qui permettent de distinguer l'opinion de l'information et éviter d'en faire de la désinformation et de la diffamation qui, elles, doivent être sanctionnées.  La désinformation doit être encore plus sévèrement condamnée quand elle provient d'organismes officiels, comme par exemple l'Unesco, ONU ou elle trouve une caisse de résonance.

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